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Dissension

Plus tard dans la nuit, je me réveillai avec l’étrange sensation d’être observée. Un coup d’œil aux alentours me confirma que cela avait dû être le cas, mais je n’en éprouvai aucune crainte. Alexis ne dormait pas et fixait les flammes, le regard vide. Instinctivement, je me levai pour le rejoindre, enjambant Madox. Profondément plongé dans ses pensées, mon Cyldias ne se rendit pas immédiatement compte de ma présence. Ce n’est que lorsque je m’installai à ses côtés qu’il se tourna dans ma direction. Il me regarda de la tête aux pieds. Las, il ferma brièvement les yeux, puis reporta finalement son attention vers le brasier. Force me fut de constater, sarcastique, qu’il retirait toujours autant de plaisir à ma présence…

Nostalgique, je pensai que la scène aurait pu se dérouler autour d’un feu de camp, après une fête de famille, dans mon monde civilisé. Les gens auraient probablement cru à un début d’histoire d’amour et nous auraient laissés seuls, nous observant à la dérobée, sourire complice aux lèvres. Mais nous nous trouvions plutôt dans un monde étrange, poursuivis par des hommes cruels et recherchant désormais un hypothétique talisman pour sauver des univers qui me laissaient pourtant indifférente. Et pour compléter l’idyllique tableau, l’homme assis à mes côtés était marié, inaccessible et, surtout, contraint de remplir une fonction de protection qui ne lui plaisait pas le moins du monde.

Je poussai un soupir résigné, cherchant une façon de briser la glace maintenant que j’avais imposé ma présence sans réfléchir. Alexis ne bougeait pas, les jambes relevées, les bras croisés sur les genoux.

— Vous m’en voulez toujours ?

Je sursautai au son de sa voix rauque. Sa question me prenait au dépourvu ; il n’avait pas l’habitude de se montrer aussi compréhensif. Je haussai les sourcils, ne sachant que répondre. Il se tourna à nouveau vers moi, l’air soucieux. La lueur des flammes dansait dans ses étranges yeux étoilés, qui rencontrèrent bientôt les miens. Je perdis la notion du temps un court instant, avant de me secouer pour me ressaisir.

— Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne sais pas, dis-je dans un mouvement d’épaules. Vous croyez que je devrais ? poursuivis-je quelques minutes plus tard, comme le silence planait toujours entre nous.

Ce fut à son tour de hausser les épaules. Ma question eut au moins le mérite de lui arracher un sourire.

— Sincèrement ? Non. Mais pour être honnête, peu importe la réponse, je ne crois pas que cela changerait la dynamique entre nous…

— Je suis et resterai une corvée, conclus-je platement. C’est ce que vous voulez dire, n’est-ce pas ?

— Oh que oui !

Il marqua un temps d’arrêt, expirant bruyamment. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux avant de poursuivre.

— C’est beaucoup plus facile, pour le bien de ce monde mais surtout le mien, de vous percevoir de cette façon…

Je soupirai à mon tour. J’admirais sa franchise même si je savais qu’elle ne nous mènerait nulle part.

— Ce qui ne veut pas dire que ce soit réellement la perception que vous ayez de moi.

Je refusais obstinément d’accepter le fait que je puisse lui être totalement indifférente. Non pas parce que je ne voulais pas y croire, mais bien parce que ce n’était pas toujours l’impression que j’avais. Il eut un sourire sans joie, fixant le brasier avec une attention soutenue, fuyant ainsi mon regard.

— Je n’ai pas de temps à perdre à me demander si vous me plaisez ou non. Il y a trop de vies et d’intérêts en jeu sur cette terre pour que je m’attarde à quelque chose d’aussi futile…

Il marqua une pause, puis continua.

— De toute façon, vous ne pouvez pas comprendre à quel point j’ai besoin que vous me soyez indifférente. C’est une question de survie…

Ses propos étaient teintés d’une certaine amertume, mais je n’aurais su dire si c’était parce qu’il aurait effectivement pu y avoir quelque chose entre nous ou si c’était le seul fait de son exaspération face à sa situation. Les minutes s’égrenèrent, longues et silencieuses. Sa présence me troublait et m’empêchait de réfléchir. J’en étais à me demander pourquoi je n’étais pas restée sagement couchée quand Alexis retrouva l’usage de la parole.

— Que comptez-vous faire après votre passage là-haut ?

Étonnamment, j’optai pour la franchise.

— D’abord, me rendre chez Morgana. J’espère qu’elle sera plus encline à répondre à mes nombreuses questions que vous ne l’êtes, dis-je, un peu abrupte. Après…

Le silence meubla l’espace quelques minutes avant que je laisse tomber :

— … j’ai l’intention de rentrer chez moi, pour me débarrasser du cadeau empoisonné de votre frère…

J’utilisai délibérément le mot « frère » plutôt qu’Alejandre, guettant sa réaction. Contre toute attente, j’éprouvai une pointe de plaisir malsain à le voir tiquer. Je dus alors m’avouer que je lui en voulais de ne pas avoir su m’éviter le calvaire de mon séjour au château. Il en vint vraisemblablement à la même conclusion.

— Croyez-vous sincèrement que je n’ai pas tout fait pour vous éviter le pire ?

Son ton était à la fois étonné et choqué. Je répliquai, contente de le prendre en défaut.

— Considérant que vous avez disparu sans donner à quiconque d’instructions pour me conduire en lieu sûr, me disant simplement par télépathie d’attendre votre retour et me laissant par le fait même en compagnie d’une femme – votre femme – qui n’a pas hésité une seconde à me livrer aux hommes du sire de Canac, dis-je d’une traite, je suis en droit de penser que vous n’avez effectivement pas tout fait… Et c’est sans compter le nombre de fois où vous m’avez clairement dit que vous ne pourriez être plus heureux que débarrassé de moi…

Même si je savais que je m’étais moi-même précipité dans la gueule du loup en traversant vers ce monde de fous, que ma mort entraînerait vraisemblablement la sienne et que mon absence à ses côtés ne pouvait que lui causer de graves problèmes dans l’utilisation de ses pouvoirs – donc qu’il aurait été bien imbécile de ne pas tout faire pour me garder près de lui –, je ne pouvais m’empêcher d’être de mauvaise foi. Il n’eut pas un comportement plus charitable que le mien, énonçant même l’un des arguments qui venait de me traverser l’esprit.

— S’il y a quelqu’un qui devrait reprocher à l’autre son comportement, ce serait plutôt moi. Si vous n’étiez pas venue sur la Terre des Anciens en croyant bêtement qu’on vous accueillerait comme une princesse, rien de tout ça ne serait arrivé. Et si vous étiez sagement restée dans votre chambre au domaine au lieu d’aller fouiner dans mon bureau, j’aurais pu m’opposer à la magie de Mélijna. Mais voilà, trop occupé à vous surveiller, je n’ai pas senti son approche et…

— Et que vouliez-vous qu’il puisse m’arriver de si grave dans ce bureau pour que vous ayez besoin de me surveiller ? le coupai-je. Pourquoi ne pas avouer que vous m’observiez par pur plaisir ? dis-je méchamment.

Ses yeux se plissèrent et il serra les dents avant de contre-attaquer.

— Cessez de prendre vos rêves pour la réalité. Je vous ai déjà dit que vous ne m’intéressiez pas. Je ne vous ferai certainement pas le plaisir de m’attacher à vous de la façon dont vous le souhaitez…

Sa voix était sûre, sans la moindre trace d’hésitation. Piquée au vif, je répliquai d’un ton amer :

— Que pouvez-vous bien savoir de la façon dont je souhaite vous voir vous attacher à moi ? Je ne me rappelle pas vous avoir vu essayer de comprendre ce que j’étais, d’où je venais et ce que je ressentais à la suite de mon arrivée dans votre monde de fous. C’est vous qui vous êtes précipité à ma rencontre, prétextant votre rôle de Cyldias, pas l’inverse. Depuis ce temps, vous n’avez de cesse de me reprocher votre fonction ingrate et les responsabilités qu’elle implique sans jamais prendre le temps de m’expliquer quoi que ce soit, pour ensuite me reprocher mon ignorance et mon incompétence magique. Comment voulez-vous que nous puissions un jour nous comprendre dans un contexte comme celui-là ?

— Justement ! Je suis depuis longtemps convaincu qu’il est impossible qu’on s’entende, compte tenu que vous êtes loin de ce qu’une Fille de Lune digne de ce nom devrait être, dit-il caustique. Et je ne trouverai de repos que le jour où je serai relevé de mon rôle de Cyldias. Vous persistez pourtant à ne pas vouloir me suivre chez Uleric…

— Probablement parce que personne, à part vous, ne croit que c’est une bonne idée. Wandéline est d’ailleurs convaincue qu’il n’est qu’un imposteur…

Il s’empressa de répliquer, soudainement en colère :

— Ce que pense Wandéline est le cadet de mes soucis ! Je règle mes problèmes comme je l’entends et cette vieille folle n’a pas à s’en mêler.

— Eh bien, le problème que je suis n’a pas envie d’être réglé de cette façon. Trouvez-en une autre ! Et vous feriez bien de me témoigner un peu plus de respect. Je ne suis peut-être pas à la hauteur de ce que vous attendez d’une Fille de Lune, mais je peux au moins me targuer de ne pas vendre à des mercenaires ceux qui me déplaisent, comme l’a fait votre femme…

C’était la deuxième fois que je faisais mention de la trahison de Marianne, espérant qu’il réagisse. Il inspira profondément et retint son souffle quelques instants. Quand il parla enfin, il n’y avait plus la moindre trace de colère dans sa voix, juste une profonde lassitude.

— Qu’une chose soit claire : je n’ai pas fait un mariage d’amour, mais bien un arrangement qui servait mes intérêts. Je ne suis donc pas responsable des agissements de ma… femme – le mot sembla lui écorcher les lèvres. Je suis désolé que son manque de jugement ait entraîné des conséquences aussi tragiques pour vous, mais…

J’explosai.

— J’ai été capturée, ligotée, trimballée comme une vulgaire catin, enfermée dans un cachot froid et humide, agressée par une sorcière tout droit sortie d’un cauchemar, violée à répétition pendant des semaines par un homme qui vous ressemble trait pour trait et tout ce que vous trouvez à dire, c’est que vous êtes désolé…

Je le regardais d’un air ahuri, incapable d’accepter qu’il parle de mon calvaire avec si peu de sensibilité. Pour ma part, le seul fait de l’évoquer faisait jaillir de ma mémoire des visions d’horreur.

— Mais que voudriez-vous que je fasse ? cria-t-il, excédé, détachant chaque mot. Je vous rappelle que c’est mon frère qui vous a fait rechercher, capturer et enfermer dans un cachot, que c’est lui qui s’est montré cruel et sans pitié, que c’est sa sorcière qui vous a agressée, que c’est pour assouvir sa soif de pouvoir qu’il vous a violée pendant des semaines… Mais c’est à moi que vous en voulez.

Il inclina la tête vers le sol et ferma les yeux un instant. Je fixai un point au loin, ne sachant que répondre. Il reprit, d’une voix dure :

— Qu’est-ce que vous croyez ? Que mon séjour là-bas a été une partie de plaisir ? Que je suis reparti sans une écorchure ? Qu’on a seulement bavardé entre amis, Mélijna, Alejandre et moi ?

Il marqua une courte pause avant d’ajouter :

— Vous n’êtes pas la seule à avoir souffert, Naïla…

La vision d’Alexis, dont s’était servi Alejandre pour obtenir ma soumission lors de ma captivité, s’imposa à mon esprit avec une netteté perverse. Mais contrairement à ce que j’avais ressenti à cette époque, je fus incapable de compatir avec ce qu’il avait vécu, obnubilée par ma propre souffrance. Pire, je regrettais presque de m’être pliée à la demande d’un frère pour sauver l’autre. Je le forçai à me regarder avant de rétorquer, incisive :

— Contrairement à ce que vous pensez, je sais très bien que vous en avez bavé. Je doute cependant que vous ayez cessé de résister aux traitements qu’on vous infligeait simplement pour sauver la vie de quelqu’un que vous connaissiez à peine… Ce que moi j’ai fait…

Je n’ajoutai rien, le dévisageant d’un air de défi. Il fronça les sourcils, puis une lueur de compréhension traversa ses yeux singuliers. Je n’attendis pas qu’il réagisse pour tourner les talons et regagner ma couche. Je n’éprouvais aucune satisfaction à avoir eu le dernier mot. J’espérais simplement qu’il se remémorerait les circonstances entourant sa libération et qu’il comprendrait un tant soit peu ce que cette dernière m’avait coûté.

Je contemplai longuement les étoiles cette nuit-là, les yeux brouillés par des larmes de rage et de désespoir. Le sommeil me fuyant, je ressassais les séquences de notre conversation, hésitant toujours entre deux formes contradictoires de regret : celle qui voulait que je m’excuse pour mes propos et celle qui trouvait que je n’en avais pas assez dit… Nous étions deux écorchés vifs par la vie sur cette terre de misère, mais nous étions incapables de tirer parti de ce qui nous unissait, préférant nous entre-déchirer alors que tant d’autres souhaitaient notre perte…

 

* *

*

 

À peine Naïla avait-elle tourné le dos qu’Alix dut réfréner une irrépressible envie de la rappeler. Il savait qu’il avait été injuste envers elle et qu’il n’avait pas montré suffisamment de compassion pour ce qu’elle avait vécu. Il n’ignorait pas que la jeune femme n’avait aucune idée de ce dans quoi elle s’embarquait en traversant vers la Terre des Anciens, alors que lui avait depuis longtemps accepté de vivre avec ce qu’impliquait son désir de sauver ce monde étrange. Mais c’était plus fort que lui : dès qu’elle était près de lui, il ressentait un besoin viscéral d’être arrogant, hautain, condescendant et borné. Il ne voyait pas meilleur moyen pour tenter de maintenir, sinon agrandir, la distance qui existait entre eux. Il espérait que son comportement susciterait du mépris de la part de Naïla, facilitant ainsi son propre détachement. Mais c’était loin d’être aussi simple. Plus le temps passait, plus il devait lutter contre l’attirance qu’exerçait sur lui cette fichue Fille de Lune…

 

La montagne aux sacrifices
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